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Caritas story stress

À cheval entre la Suisse romande et la Suisse alémanique, le rappeur galope aux confins de la poésie et du réalisme. Parti de rien, il encourage les plus démunis à ne jamais renoncer.

«Enfant en Estonie, le système en place interdisait la liberté d'expression, et même de mouvement. Avec mon vélo - difficile à avoir à l'époque - je m'évadais. Je ressentais un grand sentiment de liberté. Je l'ai donc appelé Libertad. C'est aussi le nom de l'un des premiers morceaux que j'ai écrits durant le confinement. C'est devenu le titre de mon huitième album. Malgré des conditions de vie difficiles en Estonie, j'ai appris que la liberté n'est pas qu'une question de contexte. Elle peut provenir de ce que l'on a en soi, d'un sentiment intérieur. Le bien-être ne vient pas forcément du matériel.

Être pauvre quand tout le monde l'est autour de vous, comme nous l'étions en Estonie, c'est peut-être moins difficile qu'ici où on peut comparer avec ce que d'autres ont. Il est important de rester concentré sur le but à atteindre, particulièrement quand on est d'origine modeste. Il faut être comme ces chevaux de course qui ont des œillères pour ne pas se laisser distraire par leurs concurrents et galoper vers la victoire.

Je pense qu'il faut d'abord accepter ce que l'on est pour pouvoir avancer vers l'ailleurs. On ne choisit pas sa famille, le lieu ou l'époque dans lesquels on va évoluer. Certaines cartes sont distribuées à la naissance, c'est donc à nous de bien jouer avec. Quand tu sais que tu dois faire plus que les autres pour t'en sortir, il ne sert à rien de geindre. Au Mexique ou en Inde, quand tu es pauvre, tu restes pauvre. Difficile d'y faire des études comme j'ai pu le faire en Suisse grâce à une bourse.

Tout ce que je fais, je le fais à 110 %. Même si je me plante, si rétrospectivement je constate que j'ai fait des faux pas, je sais que, sur le moment, c'était juste. Je n'ai aucun regret. Il faut accepter l'échec pour poursuivre sa route. Nous sommes responsables de nos actions et de nos décisions.

Aujourd'hui, les jeunes ont une expression assez répandue qui dit: «Je ne suis pas venu là pour souffrir.» Je trouve personnellement que sans la souffrance, la vie n'a pas de sens ni de direction. Si tout est lisse, si on ne souffre pas, nous sommes comme des vaches à paître à attendre la mort. Toute souffrance surmontée est comme un dépôt émotionnel à ta banque personnelle. Tu vas pouvoir y puiser de l'énergie pour les moments difficiles, car tu sais que tu as pu précédemment traverser des malheurs. Il y a toujours des tempêtes, c'est normal, mais il ne faut pas se laisser malmener par la vie.

Patience, c'est ce que je pourrais dire aux enfants ukrainiens arrivés en Suisse. Je sais pour l'avoir vécu combien c'est traumatisant de quitter son pays, mais c'est aussi une possibilité offerte pour s'enrichir à tous niveaux. Il y a des choses sur lesquelles on n'a aucun pouvoir. La guerre en est une. Le seul impact que l'on peut avoir, c'est sur soi, sur ce que l'on fait ici et maintenant. Et pour moi, toute nouvelle situation est une opportunité même si elle semble a priori inaccessible.»

Bio Express

1977

Naissance d'Andres Andrekson, dit Stress, le 25 juillet à Tallinn, Estonie.

1989

Arrive en Suisse avec sa mère et sa sœur cadette. La famille s’installe à Lucens.

1995

Il fonde le groupe hip-hop Double Pact avec Nega et Yvan Peacemaker.

1997

Commence à étudier à la faculté HEC (Hautes Études Commerciales) de l'Université de Lausanne.

2003

Décroche sa licence et sort son premier album solo «Billy Bear».

2004

Premier mariage, premier divorce douloureux.

2005

Deuxième album «25.07.03». Il contient la chanson «Fuck Blocher» que l'UDC n'apprécie pas du tout.

2007

«Renaissance», son 3e album, est double disque de platine, avec plus de 70 000 ventes en Suisse.

2008

Épouse l’ex-Miss Suisse Melanie Winiger dont il élève le fils pendant sept ans.

2010

Lance sa marque de mode, Bear Inc.

2012

Deuxième divorce.

2013

Juré dans la version alémanique de «The Voice».

2015

Reçoit son 9e Swiss Music Award. Peu de temps après, il connaît la dépression, mais parvient peu à peu à s'en sortir.

2022

En janvier, il sort son 8e album «Libertad». La chanson «Just Like I Love You», qu'il interprète avec Stefanie Heinzmann, fait un tabac. À venir en novembre, une autobiographie.