Henri Dès: «On se débrouille»
15 octobre 2025 | Lecture 4 min.

Toujours très populaire auprès des enfants, mais aussi de leurs parents et grands-parents, le chanteur a lui aussi tiré le diable par la queue.
«Enfant, dans les années cinquante, j’habitais la rue Centrale à Lausanne. D’un côté, il y avait les maisons bourgeoises où résidait une population qui n’était pas riche, mais qui n’était pas dans la pauvreté comme l’était ma famille.
En face, il y avait des maisons décrépites, avec des gens dans le besoin. Moi, je côtoyais bien sûr des gamins qui habitaient aussi de l’autre côté de la rue. Un jour, je suis entré dans la cuisine d’un copain. Elle avait un sol en terre battue. Jamais, jusque là, je n’avais imaginé qu’en Suisse, des gens étaient obligés de vivre dans un tel endroit vétuste, moche et triste! Je me suis rendu compte que la pauvreté pouvait exister tout près, mais qu’elle était souvent cachée.
«Je me suis rendu compte que la pauvreté pouvait exister tout près, mais qu’elle était souvent cachée.»
Plus tard, quand je suis allé à Paris avec ma femme Mary-Jo pour tenter ma chance dans la chanson, nous habitions dans un tout petit 9 m2. On gagnait très peu. À tel point que je n’avais rien à déclarer aux impôts. J’avais reçu une lettre qui me disait que j’étais dans l’indigence et qui me demandait si je voulais recevoir de l’aide. Comme j’avais, de temps en temps, un petit contrat ici ou là, on arrivait à s’en sortir et on avait dit non.
À l’époque, demander de l’aide n’était pas très bien vu. J’étais arrivé à Paris à 23 ans, et jusqu’à l’âge de 28 ans, j’ai été dans de grandes difficultés financières. Je sais donc ce que cela veut dire de devoir se suffire de très peu.
«À l’époque, demander de l’aide n’était pas très bien vu.»
Mary-Jo et moi allions au marché le dimanche, on prenait la viande la moins chère, des abats en général, pour en manger de temps en temps. Pour se faire plaisir, on s’achetait un cornet de glace pour les deux. Tout était compté, calculé au centime près... C’est seulement en 1977, quand j’ai sorti mon premier album pour enfants Cache-cache, que j’ai commencé à mieux gagner ma vie.
J’ai toujours déclaré mes revenus notamment à l’AVS, mais j’ai des amis musiciens qui ne l’ont pas fait. Aujourd’hui, ils se retrouvent à la retraite. Et leur rente est toute petite. Ils n’arrivent pas à s’en sortir. De temps en temps, je les invite au restaurant et ça leur fait plaisir.
«J’essaie d’éviter d’aider des gens en direct. Je pense que les associations comme Caritas font beaucoup mieux ce travail que moi.»
Depuis longtemps, je donne une petite somme, tous les mois, à une dizaine d’associations caritatives. Je choisis, en général, les associations locales qui s’occupent des personnes démunies de chez nous. Quand je fais mes courses et que je vois arriver des personnes à la caisse avec leur triste achat, j’ai souvent envie de leur dire, je vous les prends, mais j’essaie d’éviter d’aider des gens en direct. Je pense que les associations comme Caritas font beaucoup mieux ce travail que moi. C’est à eux de choisir et de décider où va l’argent.
Il y a aussi ceux qui souffrent de solitude, comme moi, après le décès de ma femme. C’est dur de rentrer dans une maison où il n’y a pas un bruit. J’ai eu de la chance, j’ai été bien entouré. Maintenant, j’ai ma compagne Nathaly, qui m’a sauvé la vie quand j’ai eu ma crise cardiaque. Grâce à elle, je suis en forme et je peux continuer à chanter pour quatre générations.»
BIO EXPRESS
-
Naissance à Renens (VD) de Henri Louis Destraz
-
Épouse Mary-Josée Chastellain
-
Sort son premier disque pour adultes
-
Naissance de son fils, Pierrick
-
Naissance de sa fille, Camille
-
Premier album pour enfants, Cache-cache. Lance son propre label, Mary-Josée, du nom de son épouse
-
Premier concert à l’Olympia. Plusieurs autres suivront tout au long des années
-
Premier best of: Henri Dès en 25 chansons
-
Sortie de l’album «metal» Zinzin, par Henri Dès & Ze Grands Gamins, avec son fils Pierrick
-
Sortie de l’album En solo
-
Sortie de l’album Autrement 3 – En avant toute!

Cet article est paru dans le «Caritas.mag». Le magazine des organisations Caritas régionales paraît deux fois par an.
Découvrir maintenant