Petits Budgets

Avec son regard malicieux, sa générosité et sa gouaille bienveillante, le comédien jurassien coanime l’émission Caravane FM et transmet les mots de celles et ceux qui n’osent dire.

«Quand j’étais petit, la pauvreté était quelque chose que j’avais de la peine à comprendre. À l’école à Montfaucon, il y avait une grande fille, très maigre. Elle arrivait d’une ferme lointaine et ne pouvait rentrer à midi. Parfois, elle n’avait rien à manger. Je trouvais cela étrange et surtout injuste. Je demandais à maman de doubler mes dix-heures et je lui en donnais une partie. Nous non plus, on ne roulait pas sur l’or, mais maman était une cuisinière hors pair qui réalisait de bons plats avec très peu. Elle réussissait des trucs dingues avec des cervelas. Ses recettes étaient divines.

On a toujours eu à manger, même quand mon père s’est retrouvé au chômage pour des raisons de santé. Puis mes parents ont repris un restaurant. Quand mon père est décédé, j’ai pris la suite. De ce temps-là, je me souviens d’un monsieur qui se baladait tout le temps avec des cabas pleins d’objets et de déchets. Il était atteint du syndrome de Diogène. Il m’interpellait par la fenêtre de la cuisine: 'Dis Lionel, il te reste quelque chose?' Je lui donnais le menu du jour. J’aime offrir ce que j’ai cuisiné. Cela m’a toujours accompagné. Aujourd’hui, ma femme et moi aimons accueillir chez nous de grandes tablées.

L’humour est souvent ma porte d’entrée vers des personnes en difficulté.

Avec Caravane FM, je continue à être heurté par la dureté de certains parcours de vie. On s’en prend tout le temps plein la gueule, mais toutes ces personnes écorchées par la vie nous amènent vers des moments d’introspection qui ouvrent sur d’autres perspectives. L’humour est souvent ma porte d’entrée vers ces personnes en difficulté. Jean-François Michelet, qui est avec moi sur l’émission, est plus direct. Moi, j’ai la virgule, la petite phrase qui peut amener le sourire et leur donne la capacité de prendre un peu de distance avec leur situation.

Dans la mesure de mes possibilités, j’aide comme je peux. 

Dans ma profession, je suis privilégié, mais j’ai aussi des potes qui sont dans la précarité. Dans la mesure de mes possibilités, j’aide comme je peux. Je me souviens de ce couple de grands-parents qui promenait son petit-fils. Le grand-père n’arrivait pas à replier la poussette et pestait. Puis sa femme a voulu essayer, sans succès. Ils commençaient à s’engueuler. Spontanément, j’ai eu envie de les aider. J’ai réussi à replier la poussette. C’est là que la dame m’a dit quelque chose qui m’a marqué et fait très plaisir: «Vous n’êtes pas seulement sympa dans l’émission, vous êtes un vrai sympa, même dans la vie!» 

BIO EXPRESS

  1. Lionel Frésard naît à Porrentruy, grandit à Montfaucon.

  2. Formations de cuisinier, puis de boucher avec CFC.

  3. Reprend le bistro de son père après le décès de ce dernier.

  4. Quitte le Jura pour le Conservatoire de théâtre de Lausanne.

  5. Cofonde la compagnie Extrapol, formée d’expatriés jurassiens.

  6. Crée son premier seul en scène, Molière-Montfaucon 1-1.

  7. Devient coanimateur de l’émission Caravane FM sur RTS Un. Cette même année, il reçoit le Prix SSA (Société suisse des auteurs) de l’humour.

  8. On avait dit 90… est son deuxième seul en scène.

  9. Écrit une série pour la RTS.

Cet article est paru dans le «Caritas.mag». Le magazine des organisations Caritas régionales paraît deux fois par an.

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