
Sortir du surendettement : un parcours du combattant
Accidents de la vie, séparation, perte d’emploi : le surendettement résulte majoritairement d’événements imprévus qui bouleversent l’équilibre financier. Une fois pris∙e dans la spirale de l’endettement, il est souvent extrêmement difficile d’en sortir.
Texte : Céline Hostettler
Mais qu’est-ce que le surendettement ? Nous parlons de surendettement quand une personne n’est plus en mesure de payer ses dettes dans un délai raisonnable. Les dettes s’accumulent, et c’est là que démarre l’engrenage du surendettement.
De manière générale, les trois principales causes de surendettement sont la santé (en cas d’accident ou de maladie), les séparations ou divorces et le chômage. Des imprévus de la vie pouvant arriver à tout le monde, mettant à mal l’équilibre financier.
A titre d’exemple, Monsieur M. a perdu son emploi et s’inscrit donc au chômage. Ses indemnités s’élèvent désormais à 70% de son ancien salaire passant ainsi de CHF 4'500.- à environ CHF 3'200.– par mois. Ce revenu réduit ne lui permet plus de faire face à ses charges actuelles. Les factures s’accumulent et les dettes augmentent, inexorablement. Monsieur M., dépassé par la situation, sombre dans une dépression et cesse de gérer son administratif, ce qui a aggravé encore davantage sa situation financière.
Selon les statistiques de la ligne Parlons Cash, 46 % des personnes endettées qui demandent de l’aide sont seules, comme Monsieur M., 16 % sont des familles monoparentales et 21% des appelants sont des couples avec enfants.

Aide sollicitée tardivement
Les personnes concernées tardent bien souvent à demander de l’aide aux institutions. Elles tentent d’abord de s’en sortir seules (demande de soutien aux proches, négociation d’arrangements, etc.). Certaines personnes vont également parfois contracter d’autres petits crédits pour payer leurs factures. A cela s’ajoute aussi un sentiment de honte : en Suisse, considérée comme un « pays riche », il peut être difficile d’admettre que l’on a des soucis financiers, et besoin d’aide. La spirale est alors enclenchée: elles s’endettent pour rembourser leurs premières dettes.
Virginie, notre collègue assistante sociale spécialisée dans la gestion des dettes, constate au quotidien à quel point demander de l’aide n’est pas évident.
« Dans le cadre de mon activité, les personnes que je reçois sont souvent stressées, épuisées psychiquement et peuvent fondre en larmes dans mon bureau.»
Toujours selon les statistiques Parlons Cash, 94% des personnes qui appellent sont déjà endettées et parmi elles, 70% sont déjà en poursuites.

Un système administratif et juridique complexe et peu adapté
Une fois l’engrenage du surendettement enclenché, le processus de sortie est souvent long et complexe, voire impossible, en raison du système administratif et juridique actuel. Par exemple, le calcul du minimum vital effectué par l’Office fédéral des poursuites date de 2009, n’ayant pas été actualisé depuis, malgré la hausse du coût de la vie, et les impôts ne sont pas pris en compte dans ce calcul.
« Ce système est compliqué et peu aidant. Il a été pensé pour les créanciers et non pour permettre aux débiteurs d’assainir leur situation. Obtenir des aides dans certaines situations n’est pas évident et parfois, il n’y en a tout simplement pas ! En cas de diminution de revenus, les charges restent importantes parce que les loyers et les primes d’assurances sont élevés. Economiquement, c’est donc très difficile de faire face à ses dettes quand la balance est négative à la fin du mois.»
Pour illustrer les impasses auxquelles les personnes surendettées font face, prenons l’exemple de Madame L., qui, malgré le plan de paiement établi avec Virginie en 2022, ne pourra pas venir à bout de ses dettes. Elle est retraitée et n’a aucune chance que ses revenus augmentent un jour. Elle devra vivre avec ce poids financier, malgré tous les efforts entrepris pour le réduire.
Même une fois accompagné∙e d'un∙e assistant∙e social∙e, le désendettement est un véritable parcours du combattant, parfois sans issue. Il est donc essentiel de solliciter de l’aide le plus tôt possible pour stopper l’accumulation de dettes et tenter si possible d’assainir sa situation.
Au moment où cet article est rédigé, en août 2025, le conseil national ne s’est pas encore réuni pour voter sur le projet d’assainissement des dettes des personnes physiques. Parmi les nouveautés envisagées, la mise en place d’une procédure qui permettrait de libérer le solde des dettes, sous certaines conditions. Si cette loi est acceptée, elle soulagerait de nombreuses personnes surendettées et pourrait leur permettre un nouveau départ.
Dans tous les cas, nous encourageons toute personne à appeler la ligne Parlons Cash pour toute problématique financière.
Parlons Cash – Permanence téléphonique gratuite vaudoise
0840 43 21 00 (Lundi et mercredi : 08h30-17h00 / mardi et jeudi : 08h30–13h00)