Mentorat Orientation Jeunesse : une boussole pour aider les jeunes à garder le cap

Depuis janvier 2023, un nouveau mentorat a été ouvert au sein de Caritas Vaud pour accompagner les jeunes en rupture scolaire ou professionnelle, et surtout en manque de repères : le Mentorat Orientation Jeunesse.

Texte : Céline Hostettler

Porté par notre collègue Ana Cardoso, l’objectif final du Mentorat Orientation Jeunesse est de soutenir des jeunes de 15 à 25 ans avant ou au début de leur vie professionnelle pour qu’ils augmentent leur chance d’une inclusion durable sur le marché du premier emploi. Cela a son importance pour éviter les risques de précarité sur le long terme. La formation et le passage à l’emploi sont des étapes charnières qui façonnent une partie non négligeable du parcours de vie de chacun.e.

Caritas Vaud suit actuellement 11 jeunes dans le cadre du programme Mentorat Orientation Jeunesse. Les profils et les besoin de soutien sont variés et ce pour une multitude de raisons, en fonction des divers bâtons dans les roues qui viennent compliquer leur développement scolaire ou professionnelle.


Mais concrètement que regroupe ce programme ? Comment s’organise ce soutien ? A ce jour, ces 11 jeunes bénéficient de suivis hebdomadaires d’environ 1h30 ou 2 heures par semaine avec leur mentor respectif.ve de Caritas Vaud.

Cela implique entre autre de les aider à décortiquer les voies de la vie scolaire et leurs choix futurs concernant leur domaine professionnel mais cela passe également par un processus de reconstruction intérieure, de reprise de confiance en soi et de priorisation de leurs défis.
Pour rappel, ces jeunes qui sont en rupture scolaire ou professionnelle ont des situations de vie et des conditions difficiles qui les empêchent d’évoluer en toute sérénité. Le but du programme est de porter une écoute active individuelle et hebdomadaire avec une durée de 6 mois jusqu’à 1 an afin de favoriser le développement d’une société solidaire et de permettre à chaque jeune d’acquérir les ressources nécessaires à son épanouissement socioprofessionnel.

B%C3%A9n%C3%A9vole-_Narreg-Pirri

Nareg Pirri, un des bénévoles du mentorat, raconte avec Nico* comment se déroule leur rendez-vous hebdomadaire.

Leur rencontre a démarré en mars 2023 à la demande de la mère de Nico (nom d’emprunt)*, qui a cherché de l’aide pour son fils auprès de Caritas Vaud. Ana le met en relation avec Nareg, entrepreneur dans la gestion d’entreprise. Il a commencé à être coach quand il avait 14 ans, car il faisait partie de l’unité des troubles de l’enseignement, ayant lui-même un Trouble du déficit de l’attention. A l’époque, l’école internationale qu’il suit lui demande s’il veut bien être une sorte de grand frère pour les tous petits, rôle qu’il a accepté avec plaisir et qu’il maintient encore aujourd’hui dans le cadre du Mentorat Orientation Jeunesse.

Nico*, 16 ans, a commencé un apprentissage de médiamaticien en 2022. Malheureusement, son père décède d’un cancer en début d’année, un très rude coup pour le jeune homme qui vivait avec lui. Depuis, le moral et surtout l’environnement de Nico, ce sont dégradés pour diverses raisons que nous ne pouvons mentionner.

Nareg et Nico* se voient une fois par semaine dans un salon de thé à Nyon. Cet environnement est à la fois relaxant et permet à Nico d’essayer plein de variantes de thé. Il y a aussi une ambiance plus informelle et anonyme au milieu des autres clients de l’établissement.

Avec Nico, l’objectif était qu’il soit prêt à réintégrer les cours de son apprentissage sauf qu’à l’heure actuelle son environnement est trop problématique. Malgré cela, même si Nareg ne pourra pas lui apporter une aide suffisante pour contre balancer cette situation difficile, Nico* sent qu’il a une personne de confiance en face de lui, avec qui il peut se sentir à l’aise. Leur discussion varie de semaine en semaine. L’adolescent partage sur la semaine qui s’est écoulée avec des photos ou raconte comment ce sont passés ses hobbys.

S’il y a des urgences ou des points importants dans sa vie, ils en discutent aussi. Cela permet une respiration pour Nico au milieu de ses conditions de vie difficiles, comme il en témoigne :

Cela me fait du bien de lui parler, de m’exprimer sur ce qu’il s’est passé dans la semaine. Ça m’est utile. Je me sens mieux après ces rendez-vous.

Nareg, qui suit plusieurs jeunes dont 2 dans le cadre de ce mentorat, raconte à quel point les profils et surtout les conditions pour être capable de suivre une formation varient. Il n’y a pas de processus ou de façon de faire type. Il faut donc apporter une écoute active et une attention toute particulière à chaque personne qui est accompagnée au cas par cas en fonction de son histoire.

Ce mentorat est un projet pilote pour le moment. Il a remporté le Prix de solidarité des Retraites Populaires en 2022 et a donc pu démarrer au début de cette année. S’il ne fait nul doute que le besoin d’aide existe pour ces jeunes en rupture professionnelle, nous allons continuer d’évaluer comment leur apporter l’aide la plus adéquate. Ce mentorat ne se substitue pas à des soutiens psychologiques s’il sont nécessaires mais il apporte un autre type de bouée de sauvetage, plus humaine, moins formelle, qui permet d’établir une confiance différente par rapport à d’autres institutions (l’école, l’apprentissage, les séances psychologiques etc.). Chez Caritas Vaud, nous avons aussi des ressources pour débloquer certaines situations légales s’il le faut. Le prochain bilan sera tiré en fin d’année et le mentorat pourra être reconduit s’il apporte une aide suffisamment adéquate pour ces jeunes. Ce programme bénéficie de soutien privé, du prix des Retraites Populaires et nous avons pour ambition de le développer.

11

bénéficiaires

91%

ont entre 21 et 25 ans

63%

d’entre eux vivent seul ou en foyer