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Parlons Cash

Une aide pour diminuer l’endettement, les poursuites et le tabou financier qui les entoure.

Texte : Céline Hostettler

La permanence téléphonique gratuite Parlons CashLe lien s'ouvre dans un nouvel onglet. est une prestation de l’État de Vaud qui permet d’être réorienté vers un soutien social en cas de problèmes financiers. Ce sont les assistant∙e·s sociaux∙les de l’UNAFIN, du CSP Vaud et de Caritas Vaud qui répondent à cette ligne pour aider, mais aussi déculpabiliser les personnes en proie à des soucis financiers, endettées ou ayant des poursuites.

Qui s'endette ?

Un des premiers constats que font les assistant∙es sociaux∙les chez Caritas Vaud est que toute personne, peu importe sa classe sociale, peut s’endetter. Le public reçu en consultation présente des profils variés. En 2022, 43% sont des personnes seules, 22% des familles et 16 % des familles monoparentales. La moyenne d’âge des personnes demandant de l’aide est de 42 ans, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Les per- sonnes âgées de 26 à 55 ans constituent plus des trois quarts (76%) des appelant·e·s.

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Sedrik Nemeth

Si les profils sont variés tant du point de vue de l’âge que du type de foyer, ou encore de la catégorie socio- professionnelle, la grande majorité des personnes en difficulté financière se retrouvent dans cette situation pour des causes indépendantes de leur volonté, autrement dit des « accidents » de vie. Les trois premières raisons de la fragilisation de l’équilibre financier sont les atteintes à la santé, les séparations ou divorces, et le chômage. On peut lister dans une moindre mesure les échecs d’activité indépendante ou une méconnaissance administrative.

En résumé, peu de personnes s’endettent pour des crédits à la consommation dits futiles.

Nadège, assistante sociale référente en gestion des dettes, se rappelle de son a priori quand elle a commencé il y a quatre ans chez Caritas Vaud : « Je pensais qu’une partie des suivis seraient plus faciles et que cela consisterait à éliminer le superflu de personnes qui vivent au-dessus de leurs moyens, qu’il s’agissait de choix compulsifs. En réalité, ce sont des imprévus qui fragilisent la situation financière et les personnes s’endettent pour payer leur assurance-maladie ou leurs impôts. »

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Le tabou des dettes dans un pays où « tout le monde est riche»

Nadège constate comme ses collègues qu’il y a également un tabou sur les difficultés financières en Suisse, et cela participe dramatiquement à la souffrance vécue, en plus d’enfoncer la personne dans sa situation. Par honte et culpabilité, bien souvent, les gens tentent de s’en sortir seuls et de ne pas solliciter d’aide, que ce soit celle de leur entourage ou celle du social. Par conséquent, ils vont s’enliser dans un cercle vicieux qui consiste à prendre parfois d’autres crédits pour pouvoir boucler leurs fins de mois. L’assistante sociale mentionne comme exemple la situation d’un couple de retraités endetté, dans lequel la femme n’avait rien dit à son mari en pensant qu’elle allait s’en sortir toute seule. Elle a toutefois réussi à gérer d’une main de maître les finances et venir à bout de ses dettes ; néanmoins, si elle avait osé appeler à l’aide, elle aurait pu encore améliorer sa gestion budgétaire et faciliter un peu leurs fins de mois très serrées.

Ce cas est malheureusement loin d’être isolé. Mais cette image d’une Suisse « où tout le monde est riche » colle drastiquement à la peau et renforce ce sentiment de double peine pour les ménages en difficulté financière.

Nadège explique que si la situation se dégrade, il vaut mieux appeler la ligne Parlons Le lien s'ouvre dans un nouvel onglet.CashLe lien s'ouvre dans un nouvel onglet. le plus rapidement possible, car il y aura moins de dégâts et plus de marge de manœuvre.

43%

des personnes qui s'endettent vivent seules

2439

appels sur la ligne Parlons Cash en 2023

42

La moyenne d’âge des personnes demandant de l’aide

Parlons Cash

Chez Caritas Vaud, nous répondons à la permanence téléphonique Parlons Cash, un programme de l’État de Vaud. Ce premier point de contact permet de comprendre dans les grandes lignes la situation exposée par la personne en difficulté financière et de la rediriger soit vers un∙e assistant∙e social∙e spécialiste en gestion des dettes, ou de l’orienter vers le dispositif de prévention à l’endettement, comme notre mentorat Tout Compte Fait. L’objectif est d’accompagner, mais aussi de déculpabiliser la personne.

Parlons cash affiche

Cette ligne téléphonique existe depuis 2009, bien qu’elle ne porte ce nom que depuis 2019.

Nadège observe une augmentation constante des ap- pels, en particulier en 2023. Deux raisons l’expliquent. La première est probablement que plus de personnes sont au courant qu’elles peuvent demander de l’aide. La seconde est que la demande augmente car de plus en plus de ménages peinent à joindre les deux bouts.

Malheureusement, la problématique risque dans les mois et années à venir de s’accentuer. Les crises, comme celle de la pandémie du COVID19, ont des effets à plus long terme en matière de surendettement. Notre expérience, confirmée par les chiffres, nous montre que les personnes tardent à demander de l’aide quand elles rencontrent des difficultés financières. Que ce soit par honte, par méconnaissance des aides possibles, par le recours à des solutions immédiates comme les crédits ou encore par la tendance à surestimer sa capacité à s’en sortir de manière indépendante, ces personnes appellent à l’aide, bien souvent, quand leur situation financière est déjà largement péjorée. Nous faisons notre possible pour que la ligne Parlons Cash se fasse connaître et pour déculpabiliser les personnes qui sollicitent notre aide.

Bonne nouvelle :-)

Depuis le 1er janvier 2024, la LAMal a été modifiée. Les jeunes qui deviennent majeurs ne sont plus responsables des dettes engendrées par le non-paiement de leurs primes d’assurance-maladie par leurs parents

Mauvaise nouvelle :-(

En cas de poursuites avec une saisie de la part de l’Office des poursuites, un minimum vital est calculé pour compter la marge financière pour rembourser ces poursuites. Malheureusement jusqu’ici, les acomptes d’impôts ne sont pas comptabilisés dans ce calcul. Néanmoins, cela pourrait changer prochainement.