14.03.2024
Un refuge au calme pour le jeune Ramazan
Accompagnés par Caritas Genève, la famille Gregori et de Perrot héberge un jeune réfugié afghan depuis fin novembre, en toute simplicité.
Texte : Mario Togni
Accompagnée par Caritas Genève, la famille Gregori et de Perrot héberge un jeune réfugié afghan depuis fin novembre, en toute simplicité.
Ouvrir sa porte à des réfugiés fut une évidence pour Marco, son fils Ian, et sa compagne Antoinette. Après avoir déjà accueilli un couple puis une femme seule venus d’Ukraine, cette famille recomposée héberge depuis fin novembre 2023 Ramazan, un jeune réfugié afghan de 20 ans, dans son appartement du quartier de la Servette. Elle bénéficie du suivi de Caritas Genève dans le cadre de son programme d’accompagnement des personnes accueillant des réfugié∙es à domicile.
«La guerre en Ukraine a été choc et nous nous sommes très vite portés candidats», se rappelle Marco Gregori. D’abord destiné aux réfugiés ukrainiens, le programme de Caritas Genève a été élargi en 2023 aux personnes réfugiées de toute nationalité, avec l’objectif particulier d’offrir à des jeunes adultes (anciens mineurs non accompagnés) une alternative aux foyers d’hébergement collectifs.
A l’automne 2023, lorsque Caritas Genève propose à Marco et Antoinette d’accueillir Ramazan, ils se lancent sans hésiter. «La situation des Afghans est au moins aussi tragique que celles des Ukrainiens, même si on en parle beaucoup moins, souligne le père de famille. Et puis nous avons noué des liens de confiance avec l’équipe de Caritas dès le début.» En parallèle, Ramazan bénéficie du suivi d’une assistante sociale de l’Hospice général et suit des cours en classe d’accueil.
Le projet est porté par toute la famille, y compris Ian, 17 ans, qui est particulièrement investi dans l’aventure. «Malgré des parcours très différents, nous avons beaucoup de points communs avec Ramazan», raconte-t-il. Les deux mènent une activité sportive assez intensive : hockey sur gazon pour Ian et boxe anglaise pour Ramazan, trois fois par semaine. «Nous allons parfois courir, jouer au foot avec des amis et je l’aide parfois aussi pour ses devoirs de mathématiques.»
Arrivé en Suisse à l’automne 2021 après un parcours migratoire de plusieurs mois à travers l’Iran, le Pakistan, la Turquie, l’Italie et la France, il a vécu dans différents foyers collectifs en Suisse et à Genève, à partir de janvier 2022. Une expérience parfois difficile à vivre, admet-il à demi-mot. «C’est très différent ici, j’aime le calme. C’est mieux pour apprendre le français par exemple.»
La vie commune au sein du domicile d’accueil s’est mise en place très naturellement, à en croire les hôtes, et tout le monde y trouve son compte. «Ian l’aide pour les devoirs de math, moi pour ceux de français, explique Antoinette de Perrot. Durant la journée, chacun vit sa vie de son côté et nous nous retrouvons pour le repas du soir. Ramazan est très gentil et aidant. C’est assez simple en fait!»
Le jeune homme dispose d’une chambre privative, condition sine qua non pour pouvoir accueillir une personne réfugiée à la maison. Malgré un appartement plutôt exigu en centre-ville, chacun y a sa place et son intimité. «C’est peut-être une goutte d’eau, mais si quelqu’un peut trouver grâce à nous un peu de répit, une tanière, c’est déjà beaucoup», souligne Marco.
Pour cette famille recomposée, dont plusieurs autres enfants adultes ont déjà quitté le nid familial, c’est aussi un projet commun autour des valeurs solidaires qui les unissent. «Notre idée n’était pas de faire une coloc mais vraiment d’apporter notre soutien à un jeune qui en a besoin», ajoute Antoinette. Pour cela, leur engagement s’inscrit clairement dans le long terme, le temps que Ramazan termine une formation et gagne son autonomie.
Quant à l’accompagnement de Caritas Genève, il est «nécessaire et de qualité», jugent-ils.
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Pour en savoir plus : caritas-ge.ch/accueil-refugies
Photos : Eric ROSET