08.11.2023

Quand le Service ramassage part à la chasse au trésor

Tous les jours, nos équipes sillonnent le canton pour vider des logements et récupérer meubles, habits et bibelots en tout genre, afin d’alimenter nos boutiques et brocantes. Récit d’une visite d’inventaire.

La camionnette estampillée Caritas Genève démarre à 8h40. Rendez-vous avec madame Gendre* pour une visite. Une visite, c’est lorsque l’équipe du Service ramassage de Caritas Genève se déplace dans un logement pour faire l’inventaire des meubles et objets à donner. Tout au long de l’année, nos équipes sont sollicitées par des privés pour récupérer des meubles ou débarrasser un appartement, mais aussi par des régies, des notaires ou des services de l’État, par exemple en cas d’un décès sans que personne ne réclame les biens. Le Service effectue un peu plus de 1400 ramassages par année et récupère près de 900 tonnes de matériaux au total.

La visite d’état des lieux permet de faire un premier tri. Ce qui est vendable partira dans nos boutiques et brocantes La Recyclerie. Ce qui ne l’est pas ira à la déchetterie, dans nos ateliers d’upcycling (revalorisation de matériaux) ou ailleurs dans certains cas spécifiques. Par exemple, les objets en or ne sont pas vendus directement pour des raisons logistiques et sécuritaires, mais transitent par un professionnel. Pour les œuvres d’art, la maison Genève-Enchères peut être sollicitée pour une expertise ou une vente via ses propres canaux. Dernier cas de figure, pas anodin : les armes. Environ quatre fois par an, notre équipe dépose des armes à feu ou armes blanches à la police.

Meubles et objets d’une vie

En chemin ce lundi matin, Diego D., responsable de la brocante, fort d’années d’expérience et de vécu, nous explique: «Certaines personnes font appel à nous comme un service de débarrassage. Dans ce cas, nous facturons la prestation. Si les biens sont estimés à une certaine valeur, qu’ils sont vendables dans nos boutiques, alors nous nous déplaçons sans frais supplémentaires. C’est parfois délicat, car les gens sont convaincus que leurs biens ont de la valeur, alors que ce n’est pas le cas. Ils sont alors surpris et déçus quand je leur dis que ça va partir à la déchetterie. Ils ont souvent en plus une attache sentimentale ou émotionnelle avec l’objet…»

Le GPS nous conduit sur un chemin bordé d’arbres menant à une forêt. Nous arrivons devant un portail en fer forgé vert fermé, derrière lequel s’esquisse une magnifique maison de maître. Nous avons un code, mais le portail, qui n’est pas de toute jeunesse, ne connaît pas les codes digitaux. Ce n’est pas le bon endroit. Nous reprenons la route et arrivons devant un autre portail. Nous pénétrons alors dans une espèce d’oasis de forêt parfaitement entretenue et débarquons au milieu d’un îlot de petites villas.

En attendant Mme Gendre, Diego explique:

« Je récolte le plus d’informations possible lors de ces visites. J’essaie d’évaluer la pénibilité pour nos équipes, j’observe les places disponibles pour les véhicules, et bien sûr j’estime la marchandise. Finalement, j’espère toujours trouver un trésor ! »

Faire des choix

Cinq minutes plus tard, une petite Fiat Panda blanche débarque dans la clairière. Madame Gendre nous accueille et nous ouvre les portes de la villa de son père, parti en EMS. Dans le hall, un petit lustre et un grand miroir orné d’un cadre doré, affublé d’un post-it «à vendre». Dans la cuisine, tout a été emporté. Diego ouvre une armoire, la vaisselle est également «à vendre». Dans le salon, un canapé ancien en velours rouge «à vendre» et au centre, une belle table ancienne et huit chaises en velours vert de style Empire : «Nous emportons cela», précise madame.

Il reste une armoire, un buffet vitré, et une longue commode. Diego observe: «déchetterie, déchetterie, on embarque.» On monte à l’étage, dans la première chambre: «déchetterie», deuxième chambre: «déchetterie», troisième chambre: une belle armoire années 1800 peut être intéressante. Problème: elle est indémontable et ne peut pas sortir de la pièce minuscule et anguleuse où elle se trouve…

À la cave, la table de ping-pong et le frigo à vin resteront dans la famille. Pour le reste, le canapé rouge empire et le miroir doré pourront être embarqués s’ils n’ont pas été vendus d’ici là.

La moisson du jour est plutôt mitigée. Pas de trésor, et quelques meubles ou objets vendables. «Au moins, ici, tout est clair et annoncé, souligne Diego. Parfois, entre la première visite et le moment où notre équipe vient récupérer les biens, la moitié a disparu… Je suis obligé de prendre des photos des pièces «promises», parce que ce sont évidemment toujours les plus belles qui partent, précisément celles qui font qu’un devis de débarrassage est plus ou moins élevé», explique-t-il.

La visite terminée, Diego explique à madame Gendre qu’un devis lui sera envoyé dans l’après-midi. Il prend note des dernières informations nécessaires: tout doit être vidé avant le 31 du mois courant. «Si vous embarquez les bibelots ou autres petites choses, est-ce que je dois mettre en carton ?» demande-t-elle. «On s’occupe de tout, ne vous inquiétez pas!»

De retour au QG, Diego fait vite ses calculs et griffonne sur son papier de visite: une journée, trois personnes, une quinzaine de cartons, le tarif. Le devis sera transmis par le bureau qui se chargera d’organiser la suite. «Nous essayons d’être le plus juste possible et de trouver un arrangement pour les personnes en difficulté financière», précise Diego.

*Nom d’emprunt

Service ramassage

Notre service de ramassage récupère gratuitement meubles (non démontés), objets et vêtements en bon état. Le débarras de matériel jugé non réutilisable par nos équipes est facturé, ainsi que le débarras complet d’un logement, si seulement une partie des meubles, objets ou vêtements sont conformes à la vente. Vous pouvez également déposer directement vos dons à notre centre de tri de Plan-les-Ouates.

SERVICE RAMASSAGE

Infos pratiques
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Horaire
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Sa 10h - 17h
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