25.09.2024
Le Vestiaire social a 20 ans
Né sous sa forme actuelle en 2004, le Vestiaire social célèbre ses 20 ans avec des chiffres qui suscitent l’inquiétude: le nombre de distributions n’a jamais été aussi élevé.
Texte : Anne Buloz - Photos : Rebecca Bowring
En 2004, les deux vestiaires sociaux du Centre social protestant et de Caritas Genève décident d’unir leurs forces pour la distribution gratuite de vêtements, chaussures et linge de maison. Au début de l’année 2023, la Croix-Rouge genevoise a encore rejoint la structure, désormais cogérée par les trois institutions.
Comptant sur une équipe composée de six personnes salariées, d’une septantaine de bénévoles et d’une dizaine de personnes en réinsertion socioprofessionnelle, le Vestiaire social accueille tous les après-midis sans rendez-vous des personnes ayant reçu un bon de l’un des cinquante services sociaux partenaires. Chacun a la liberté de choisir une quinzaine de pièces, toutes en très bon état, et de les essayer en cabine, comme dans un magasin. «Se vêtir correctement fait partie du droit à la dignité de chacun», souligne Typhaine Guihard, responsable du Vestiaire social.
Une conséquence du Covid
L’an dernier, plus de 12’000 distributions ont été effectuées, pour un total d’environ 9000 bénéficiaires. En 2024, le Vestiaire social atteindra probablement les 15’000 distributions, soit une augmentation de 26% par rapport à 2023, qui était déjà une année record. Certains mercredis, jour réservé aux enfants, ils sont plus de 150 à être accueillis, et jusqu’à une centaine d’adultes les autres après-midis. «Les chiffres explosent depuis le Covid. Nous recevons beaucoup de personnes qui ont perdu leur emploi dans les métiers de la restauration, de l’aide à domicile ou de la manutention, ce qui les a fait basculer dans une situation financière dramatique. Les perspectives ne sont pas très bonnes », précise Typhaine Guihard. Les bénéficiaires sont de toutes les nationalités. Certain·es viennent régulièrement depuis plusieurs années, alors que d’autres ne viennent qu’une fois, lors d’un coup dur.
Pour faire face au quasi-doublement du nombre de ses bénéficiaires (+48% de fréquentation depuis 2021), le Vestiaire a dû se professionnaliser et mettre en place une structure adéquate. Il dispose ainsi de son propre centre de tri, ce qui lui permet d’être autonome. Mais malgré les quelque 140 tonnes de textiles de seconde main reçus en 2023, issus de collectes ou déposés dans les boîtes à fringues de Plan-les-Ouates et, depuis peu, de Carouge, la marchandise vient régulièrement à manquer. D’autant plus que la qualité des dons baisse, une moitié seulement pouvant être redistribuée.
«Nous ne recevons notamment pas suffisamment de vêtements et de chaussures de qualité pour les hommes. Grâce à des fournisseurs et à des fondations privées, nous pouvons acheter les marchandises nécessaires pour remplir notre mission», se réjouit Typhaine Guihard. Les personnes souhaitant donner vêtements, chaussures (attachées entre elles) ou linge de maison – le tout doit être propre et en bon état – peuvent l’apporter sur place durant les heures d’ouverture ou dans certaines boîtes à fringues dont la liste figure sur le site internet.
Bientôt ses propres locaux
Le Vestiaire social a évolué en fonction des besoins de la population. Après vingt ans passés dans un petit local à la rue de l’Avenir, aux Eaux-Vives, et quelques années à Trèfle-Blanc, au Grand-Lancy, la structure occupe depuis octobre 2022 des locaux provisoires à la rue Blavignac, à Carouge. En 2026, elle emménagera dans son propre bâtiment, qui sera construit sur l’ancien site de la Renfile de Plan-les-Ouates. Comme aujourd’hui, le Vestiaire sera voisin des Colis du cœur, un rapprochement des deux institutions faisant sens dans la mesure où une partie de leur public est similaire.
Pour en savoir plus: vestiairesocial.chLe lien s'ouvre dans un nouvel onglet.
Portes ouvertes le 5 octobre
Le Vestiaire social propose au public de venir découvrir ses coulisses et de rencontrer son équipe lors d’une matinée portes ouvertes.
Samedi 5 octobre 2024 (9h-12h)
Rue Blavignac 16
1227 Carouge
(entrée libre et sans inscription)
Des origines plus lointaines
En 1942, durant la Seconde Guerre mondiale, Caritas Genève apporte son soutien aux réfugiés fuyant l’armée allemande et le régime de Vichy. Un vestiaire central ouvre ses portes afin de leur fournir des vêtements.
En 1956, le CSP ouvre à son tour un vestiaire pour venir en aide aux réfugiés hongrois arrivant à Genève afin de fuir la répression soviétique de la révolte du peuple réclamant l’indépendance.
En 2004, les deux institutions décident de monter un projet commun et de fusionner leurs activités
dans ce domaine. Le Vestiaire social dans sa forme actuelle est alors créé.
En 2023, la Croix-Rouge genevoise rejoint la structure désormais cogérée par les trois institutions.