"Le monde entier passe au Vestiaire social"

Texte : Sévane Haroutunian

Anciennement musicienne, Jane Pengg, 58 ans, a consacré sa vie à sa famille de cinq enfants. En 2019, elle se tourne vers le bénévolat. Ses premiers enfants ont quitté le nid et les plus jeunes, bien que toujours à la maison, sont totalement autonomes. Peu après, elle perd sa maman. Une période un peu difficile où elle décide de se reconnecter avec qui elle est, de redéfinir ses besoins et ce qu’elle a envie de faire. Jane souhaite alors trouver une activité qui a du sens et pousse la porte du Service bénévolat de Caritas Genève. «J’avais besoin de quelque chose de régulier. Je voulais sortir de la maison, rendre service, voir d’autres personnes et créer des liens. Je me suis donc rendue à Caritas où j’ai été magnifiquement accueillie par la responsable des bénévoles», raconte-t-elle.

Elle ne souhaite pas mettre de compétences particulières en avant, mais faire quelque chose qui a du sens. La responsable l’oriente alors vers le Vestiaire social où elle trouvera en plus une grande et chouette équipe. Accueillie par Typhaine Guihard, responsable du Vestiaire, elle visite les lieux et rencontre ses futures collègues. Jane s’y sent tout de suite à l’aise et se plaît instantanément. Elle s’inscrit d’emblée pour deux demi-journées «par semaine», l’une au tri et l’autre au service des bénéficiaires.

«Je me suis lancée comme ça. Puis j’ai rencontré les autres bénévoles, les personnes en réinsertion, on fait tous le même travail. Il y a des grands-mamans, des personnes en fin de droit de chômage, des jeunes apprenti·e·s, c’est génial. Il y a une ambiance vraiment formidable, c’est familial et convivial. Typhaine donne l’élan pour que tout le monde ait sa place au sein de cette équipe. C’est une grande richesse. J’ai vraiment tissé des liens avec de belles personnes, avec des personnes qui ont des situations précaires difficiles», confie Jane.

L’équipe, la mixité des milieux, des origines, des âges, des statuts, et le travail d’équipe, c’est ça qui plaît à Jane. Mais aussi et surtout le service aux bénéficiaires. «Ce n’est pas toujours facile, mais j’aime pouvoir servir toutes ces personnes et échanger avec elles. Ça m’a vraiment ouvert les yeux sur cette réalité. Le monde entier passe par là», souligne-t-elle.

En 2020, Covid oblige, tout s’est arrêté pendant plusieurs mois. Jane a pris conscience à quel point ce contact avec l’équipe et les bénéficiaires lui manquait et combien cet engagement avait contribué à sa réorientation et à sortir de cette phase délicate qu’elle avait traversée. Lors de la reprise, elle demande à être uniquement au service et venir entre autres le mercredi matin. «J’avais plus besoin du contact avec les gens, de pouvoir les servir. Et j’avais déjà fait des remplacements le mercredi, la journée réservée aux familles et aux enfants, et c’est ce que je préfère, sourit la mère de famille nombreuse. C’est intense et fatigant, mais il y a tellement de gratitude de la part des personnes. Ça m’apporte beaucoup.»

En parallèle, Jane est très investie dans sa paroisse où elle fait des accompagnements au piano lors de célébrations, donne des cours d’éveil et de catéchisme. Elle aime aussi garder du temps et de la disponibilité pour prendre soin de ses proches, de ses amis qui traversent une période difficile. «Je me rends compte à quel point c’est important pour moi d’avoir ce lien avec des personnes seules ou en difficulté. J’ai de la chance de ne pas devoir travailler et d’avoir du temps. Ce côté social fait partie de ma personne, c’est quelque chose que j’aime beaucoup, ça me nourrit», poursuit-elle.

En septembre, Jane a fait sa rentrée: «Je me suis relancée pour cette cinquième année avec joie. J’aime ces contacts humains où chaque personne a quelque chose à apporter à l’autre, même si on ne vient pas du même milieu. J’aime cette simplicité et cette absence de jugement. C’est très beau.»

Article issu du Caritas.mag N°28 - OCTOBRE 2023

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