Le bénévolat d’entreprise crée des liens

De plus en plus d’entreprises offrent à leurs employé·es une journée ou deux par année sur leur temps de travail pour faire du bénévolat dans des associations à vocation sociale ou écologique, dont Caritas Genève. Ces entreprises proposent généralement un programme ou un catalogue avec différentes activités à choix. « Les Citizen days sont très appréciés et toujours pleins, nous leur proposons de choisir leur action parmi un catalogue de quinze à vingt projets », rapporte Julie, responsable du volet bénévolat au sein d’Indosuez. Même son de cloche du côté de la banque Pictet : « L’engouement est énorme, les gens s’inscrivent vite et il y a souvent plus de demandes que de places disponibles. Depuis 2021, nous avons formé un comité, dont les membres sont bénévoles, pour gérer le programme de bénévolat proposé aux collaborateurs et collaboratrices », explique Francine, responsable des activités de bénévolat à Genève.

Ces journées sont très appréciées des employé·es, car elles leur permettent de sortir de leur quotidien : « Ça vide la tête et nous sort de nos rythmes et cercles usuels. On rencontre des gens d’autres milieux, des collègues qu’on ne connaît pas, c’est physique et à la fin de la journée, on a l’impression d’avoir fait quelque chose d’humain et d’utile », confie un bénévole. Avant d’ajouter : « C’est une belle opportunité qui nous est offerte, ça montre le côté humain de la société et donne une dimension plus ouverte et agréable de la vie d’entreprise. » Ce sentiment est partagé par ses acolytes. « On a un autre rapport avec les collègues, en dehors des fonctions. Les barrières hiérarchiques tombent et on est tous à la même enseigne. Ça crée des liens et ça reste », confirme une de ses collègues.

Alexandra, coordinatrice des événements entre Pictet et Caritas, nous explique la volonté de l’entreprise « de sensibiliser les personnes au bénévolat, notamment celles et ceux qui approchent de la retraite, et de leur faciliter un peu les démarches. » Mission réussie ! C’est précisément ce que nous rapporte Leslie à l’occasion de l’une de ces journées : « Beaucoup de personnes aimeraient faire du bénévolat, mais ne savent pas comment s’y prendre ou ne peuvent pas s’engager de manière régulière sur du long terme. Mais c’est surtout une belle initiative de s’intéresser aux gens plutôt qu’aux choses, et un bon moyen de répondre aux valeurs de l’entreprise et de les promouvoir. »

Du côté des associations, recevoir des bénévoles est toujours un plaisir ; ce sont des occasions d’échange. Mais encadrer des bénévoles demande aussi du temps et des ressources. Pour Cristina, responsable du tri vêtements à Caritas Genève, « c’est un super coup de main. Ça nous aide beaucoup, mais ça demande aussi un gros travail de préparation en amont et de rangement après coup. Mais ce sont de vrais moments de partage, conviviaux et sympathiques, où on est tous embarqués dans la même aventure. On travaille, mais on fait aussi une visite des lieux, on explique le processus, on mange ensemble à midi… Certains reviennent plusieurs fois, on crée des liens. »

Rosa, responsable des boutiques La Recyclerie, profite de la pause-café pour présenter l’association et mener la visite : « Il y a de belles interactions : les gens sont intéressés, posent des questions… Et ça crée des connexions pour d’autres secteurs de l’institution. »

Lors de ces journées, une petite équipe vient donc prêter main-forte aux différents secteurs de notre centre de tri à Plan-les-Ouates. Tri de vêtements, chaussures, accessoires, tri de vaisselle, bibelots, etc. « Pour le secteur vaisselle, c’est du premier tri, c’est très facile et visuel : objet cassé ou non, réunir les ensembles, etc. Pour les vêtements, c’est un peu différent, le premier tri requiert certaines connaissances ; du coup, on les fait venir plutôt pour le second tri, au moment du changement de saison par exemple, pour regrouper par couleurs ou par formes », explique Rime, collaboratrice chez Caritas Genève.

Les bénévoles sont ravi·es de leur journée Tri du coeur. Amy vient pour la troisième fois. « J’aime beaucoup revenir ici, tout le monde est très gentil et c’est toujours un plaisir. J’aime surtout venir pour Thanksgiving, car c’est une fête importante dans mon pays et c’est ma manière de marquer cette journée en donnant », confie l’Américaine. Elle raconte également que depuis qu’elle vient ici, elle donne différemment : « Ça me fait plaisir de connaître l’étape qui suit, après avoir donné mes affaires. Et j’ai été surprise, car même si elles sont tachées ou trouées, on peut les recycler, ça part dans d’autres canaux. Maintenant, j’ai changé ma manière de donner, je trie déjà chez moi ; je fais des sacs différents. Puis je viens ici avec mes enfants pour déposer nos affaires et les emmène dans la brocante faire un tour, ça a du sens… La boucle est bouclée. »

Article paru dans le Caritas.Mag No 20, avril 2024, pp. 20-21.
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Texte : Sévane Haroutunian
Photos : Jean-Michel Etchemaïté